Quand Kit rencontra Yuki

Avoir des contacts réguliers avec ses congénères est un besoin vital pour le lapin. Et si la loi suisse exige d’avoir au moins deux lapins, chez soi, c’est avant tout pour respecter ce besoin primordial. Un lapin seul ne montrera pas le manque qu’il ressent, car le lapin est une proie qui ne montre pas ses faiblesses. Pourtant le manque est bien présent et vous le découvrirez si vous lui présentez sa moitié. Ce fut le cas, pour nous, quand Kit arriva dans notre 20m2, humains-lapins confondus.

C’était un jeudi, il pleuvait. Je rentrais, fatiguée, d’une course en ville, quand je me suis souvenue qu’il me manquait du foin pour Yuki, mon petit lapin nain bélier blanc. J’ai donc pris le train depuis Lausanne pour aller en chercher en animalerie, car je vivais en plein centre ville. Arrivées sur place, après 35 minutes de trajet, je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil à la cage aux lapins.

Normalement, je passais dans le rayon des lapins sans y risquer un regard pour éviter les tentations…. Mais là, quelque chose m’intrigua : une jolie lapine bélier, gros gabarit mangeait tranquillement son foin tandis qu’une toute petite lapin brune se cachait dans un gros tronc d’arbre, apeurée. Je résistai et tentai d’être rationnelle (car j’étais totalement contre le fait d’acheter un animal en animalerie) et je pris mes courses.

Mais en me dirigeant nonchalamment vers la caisse, je regardai cette petite lapine brune encore une fois. Elle n’était pas plus haute que 3 pommes, devait avoir environ 2 mois environ et me fixait inlassablement du fond de son tronc d’arbre. De son regard timide et apeuré. Je ne pus m’empêcher de relever son prix et je demandai si c’était une femelle. Oui, c’en était une. Mais, me dit-on, ici, on ne réserve pas. On doit le prendre direct et avoir, au moins, un autre lapin à la maison – ils se devaient de respecter la loi des deux lapins minimum… Je les remerciai pour l »information et partis, songeuse quant à tout ce que j’avais appris.

Quand je fus en-dehors du magasin, je continuai à penser à ces petits yeux marrons. Ce regard… Cette grande tendresse mêlée à de la peur… Cette impuissance devant son propre avenir décidé par des humains… Le plus souvent sur un coup de tête… Par des parents voulant plaire à leurs enfants, ignorant dans quoi ils s’embarquent réellement, inconscients de l’immense responsabilité qui en découle.

Il est vraiment déconseiller d’acheter en animalerie, car les animaleries ont des animaux qui proviennent, le plus souvent, d’animaux reproducteurs exploités, qui arrivent entassés dans des cartons, dans des conditions non-adaptées, sans eau et quasiment pas de nourriture, et non sevrés…

 

A contrario, les refuges vous prodigueront les meilleurs conseils, vous conseilleront quant au caractère du compagnon qu’il faut à votre lapin, vous orienteront quant aux vétérinaires et ne vous feront jamais adopter un mâle au lieu d’une femelle, car ils connaissent leurs animaux et leur histoire.

Et puis… je songeai à Yuki… qui s’ennuyait vraiment. Il nous le faisait comprendre par des pipis à répétition. Après une communication animale, le verdict était resté aussi sans appel : il voulait impérativement une copine et il arrêterait de faire pipi partout…

Le souvenir du regard de la petite lapine brune me rappela à la réalité… J’appelai mon compagnon qui me dit avec confiance s’en remettre à mon jugement. Je contactai aussi la vétérinaire de Yuki qui me dit que c’était presque un sauvetage étant donné la situation – la petite lapine étant chétive….

Mue par je ne sais quelle force, je me rendis à nouveau dans le magasin pour y chercher cette petite lapine. Kitty me regardait de ses grands yeux marrons, toute effrayée. Elle avait un rougeur et une croûte sur le dos et l’animalerie s’engagea à prendre part aux frais éventuels vétérinaires selon la gravité. (Je dois dire qu’après l’application d’une pommade miracle préparée par l’un des membres de ma famille, la croûte disparut et les poils repoussèrent.

Kitty et moi sommes alors rentrées à la maison. Je lui ai parlé tout le long du chemin. La rassurant comme je le pouvais avec mes grands gestes d’humaine. Je lui disais que je savais que ce n’était pas juste que les humains décident pour les lapins. Mais que c’était ainsi et que nous allions faire au mieux pour qu’elle ait une magnifique vie avec nous. Qu’elle pouvait être elle-même, sans conditions, sans restrictions. Dans toute son âme.

Arrivés à la maison, nous l’avons mise dans l’ancienne cage de Yuki – le temps de la cohabitation, car elle allait également vivre en liberté totale -, lavée au vinaigre et désinfectée à l’alcool de nettoyage. Un bol d’eau bien fraîche (bien sûr, pas un biberon) et du foin à volonté.

Les premiers jours furent intenses. Elle ne nous faisait pas encore confiance et nous avions du mal à l’attraper quand nous la laissions en liberté le soir. Le reste du temps, pour que Yuki s’habitue à sa présence, elle était enfermée (et aussi pour respecter la quarantaine). Comme j’étais au chômage, j’étais davantage chez moi et cela me permettait d’alterner les sorties pour qu’elle ne reste pas trop longtemps entre ses quatre murs. Pendant ses sorties, nous mettions alors Yuki dans la salle de bain qui tapait du pied de mécontentement.

Concernant la mise ensemble des deux lapins, nous avions été prévenus que la rencontre entre deux lapins pouvait passer ou…. casser. En théorie, bien sûr, car personne ne nous avait montré comment faire. La vétérinaire m’avait donné tous les conseils possibles et j’avais lu plein de contenus internet. Mais, croyez-moi, vous n’êtes pas prêt à voir votre boule de poils préférée se transformer en pitbulls carnassier quand vous lui présentez un inconnu…

Fort heureusement, ce ne fut pas notre cas entre Yuki et Kitty. (Nous avons vécu cette expérience traumatisante d’une cohabitation ratée à l’arrivée de Cracotte, mais cela fait partie d’une autre histoire). Yuki et Kitty se faisait des bisous à travers le grillage. Yuki était castré et Kitty n’était pas encore stérilisée, car elle était trop jeune pour l’opération.

Puis un jour, nous avons décidé de tenter le coup et d’ouvrir la cage de Kitty. Ce fut alors une scène inattendue et bouleversante : Kitty n’en sortit pas mais attendit. Et ce fut Yuki qui la rejoignit dans sa cage. Il sauta sur la plateforme pour la sentir, lapa dans la gamelle d’eau et grignota du foin. Puis il descendit vers Kitty… Nous avions alors arrêté de respirer je crois tant nous redoutions ce moment… mais Yuki, fidèle à lui-même, fit un flop (roulé-boulé, se mettre sur le dos, etc.) autour de Kitty, qui, elle, se coucha en poule et ferma les yeux pour une longue sieste.

Ce fut le début d’une merveilleuse amitié. Ils avaient une relation vraiment fusionnelle qui dépassait toutes nos attentes et tous les pronostics. Quand l’un bougeait, l’autre le suivait. Ils dormaient tout le temps ensemble, même si Kitty semblait aimer quelques fois son indépendance. Et cerise sur le gâteau, Yuki, dès le lendemain de l’arrivée de Kitty ne fit plus du tout pipi à côté de son bac à litière… Tout sembler être parfait dans le meilleur des mondes au plus grand bonheur de tous.

Kitty était une petite lapin vraiment drôle et farceuse. Et elle adorait par-dessus tout… sauter. Je la retrouvais souvent perchée, toute mignonne, dans, ma bibliothèque en train de dévorer des livres, littéralement et consciencieusement… Elle adorait également courir comme une folle sur notre lit le matin, en tournant méthodiquement autour de nous qui, par peur de la blesser, n’osions plus bouger. Un mouvement de travers et elle aurait affreusement giclé contre le mur. Elle bondissait sur le fauteuil comme un ressort, puis « volait » sur le lit en passant par la table de nuit ; comme une acrobate professionnelle, connaissant parfaitement chaque centimètre de son parcours. Elle était très vive d’esprit, aventureuse, douce et grignotait méticuleusement toutes les affaires qui traînaient. Et quand nous étions malade, elle déboulait sur le lit pour nous faire des petits bisous, comme si elle devait nous prendre la température sur le front.

Parallèlement à cela, nous l’avions conduite chez le vétérinaire pour un petit check up. Kitty était en pleine forme… pour un jeune mâle. J’étais ravie…, croyez-moi! Vive les animaleries et leurs merveilleux conseils et accompagnements… Surtout qu’elle m’avait coûté plus cher en tant que soi-disante femelle. Et, pour couronner le tout, je continuais d’entendre, en arrière-fond, que « deux mâles qui cohabitent, c’était risqué ». Fort heureusement, le destin fut clément pour nous, Yuki et Kit (rebaptisé pour l’occasion) s’entendaient à merveille, comme deux doigts d’une main. Kit fut alors très vite castré pour éviter un retournement de situation à la puberté et la paix continua dans notre cocon familial. Humains, comme lapins, nous avions tous trouvé notre place.

Pour résumer, constater l’entente de ces deux amis lapins nous confirma avoir fait le bon choix en ce qui concernait l’adoption de Kit – et donc d’un deuxième lapin. C’était extraordinaire d’assister à cette complicité, cet amour inconditionnel qu’ils partageaient. Nous faisions partie du clan, certes, mais nous restions des humains face à une relation lapinesque hors du commun : leur relation était si fusionnelle que plus rien d’autre ne comptait quand Kit faisait la toilette à Yuki, celui-ci se mettant sur le côté, les yeux fermés, respirant le bonheur le plus complet. Rien ne semblait pouvoir rompre cette harmonie parfaite.

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